Plume2Un texte publié est-il rédigé en un seul jet par son auteur et part-il pour publication en l'état ? La réalité est tout autre. Le texte peut passer par une réécriture partielle ou totale. Celui que nous vous proposons le fut presque intégralement. Par nécessité. 

 

 

Un texte destiné à la publication se travaille en couches successives. La réécriture est l'une de ses couches. Voici, pour l'exemple, ce que l'on s'attend à lire dans une publication. La commande du client ? Que l'on trouve une forme écrite tout en conservant les caractéristiques de l'expression orale. Simplicité, clarté, et c'est le minimum. 

Voici le texte réécrit et publié :

Stéphanie A., chanteuse lyrique

J’ai commencé ma carrière par trois ans d’études au conservatoire de Toulouse en art lyrique. J'ai ensuite rejoint le conservatoire Maria Callas d'Athènes. De retour en France, j’ai donné des concerts et j’ai effectué des remplacements comme artiste de chœur au théâtre du Capitole ou au festival d’Orange. J’ai obtenu mon statut d’intermittente en 1999 et je l’ai perdu en 2005.

Voici le texte original livré par le client. C'est un témoignage enregistré lors d'une table ronde et retranscrit tel quel :

Mme Stéphanie A.

Pour faire le bilan, j’ai commencé 3 ans d’études au conservatoire de Toulouse en Art lyrique, je suis ensuite partie à Athènes, en fin d’études, au conservatoire Maria Callas. De retour en France j’ai effectué soit des concerts, soit des remplacements en tant qu’artiste de chœur au théâtre du Capitole ou au festival d’Orange. J’ai eu mon statut d’intermittente en 1999 et je l’ai perdu en 2005.

 

La réécriture est une optimisation de l'écriture. Et celle-ci tient compte des destinataires.

 

La réécriture est donc une optimisation de l'écriture. Précision de la pensée, choix du vocabulaire, structures de phrases plus ou moins complexes, temporalité élaborée ou pas, rigueur syntaxique plus ou moins forte selon que l'on s'adresse aux lecteurs de Closer ou du Magazine Littéraire, périphrase, ellipse, etc. Cette mise en forme tient donc impérativement compte des destinataires. Si nous avions destiné cette réécriture à Opéra magazine, elle aurait pu donner ceci :

J'ai commencé ma carrière de chanteuse lyrique au conservatoire de Toulouse. Puis j'ai rejoint, trois ans plus tard, le conservatoire Maria Callas d'Athènes. À mon retour en France, il m'arriva de donner des concerts tout en effectuant des remplacements dans le chœur du théâtre le Capitole ou encore, ponctuellement, d'intervenir dans tel ou tel troupe lors du festival d'Orange. Je fus intermittente du spectacle de 1999 à 2005.

Et, pour se détendre, en argot…

Miss Stéphanie A.

Pioupiou des planches, ticket art lyrique, c'est au conservatoire de Toulouse que j'ai poussé pour la première fois la chansonnette. J'ai remis ça durant trois piges chez les Grecs, à Athènes, au conservatoire la Callas. After, retour dans l'Hexagone, case taf. J'ai alors envoyé là sur les planches des roucoulades à des branques en mal d'émotion tout en remplaçant dans le chœur du théâtre le Capitol une faignasse d'intermittente. J'ai aussi commis deux trois prestas pour des saltimbanques qui pirouettaient de la glotte au festivuche d'Orange. J'ai été artiste assédiqué durant six piges, de 1999 à 2005.

 

J'ai aussi commis deux trois prestas pour des saltimbanques qui pirouettaient de la glotte au festivuche d'Orange.

 

Texte brut livré par le client

Quand le fonds m’a contactée, c’était en 2008, j’étais enceinte de ma fille, je venais de me marier donc on a reporté ce rendez-vous après la naissance. En 2009, après la naissance, j’ai eu un premier rendez-vous avec Monsieur Zerma et son équipe, qui a fait le bilan et m’a renvoyé qu’au niveau du disque que j’avais proposé il fallait évoluer.

Texte livré au client

Le Fonds m’a contacté en 2008. J’étais enceinte de ma fille et je venais de me marier. On a préféré reporter mon premier rendez-vous après la naissance de mon enfant. En 2009, j’ai donc rencontré Monsieur Zerma et son équipe. Leur bilan sur le disque que j’avais enregistré montrait que je devais évoluer.

Texte registre soutenu

Mes premiers échanges avec le Fonds datent de 2008. Je venais de me marier et j'attendais un heureux événement, comme la retenue a toujours voulu que nous le formulions, quitte à sacrifier à une certaine stéréotypie. Pour cette raison, l'équipe du Fonds et moi-même avons préféré reporter notre premier rendez-vous. L'année suivante, en 2009, j'ai alors rencontré Monsieur Zerma et son équipe. Leur bilan sur le disque que je venais d'enregistrer, bien que positif – ils soulignèrent d'ailleurs la valeur de mon travail –, montrait qu'il me fallait évoluer.

Texte en argot

Mon premier bla-bla avec le Fonds date de 2008. J'avais un mecton sur les miches et on a officialisé not' fusion devant le maire parce que comme dit ma daronne, c'est mieux pour les enfants. D'enfant, justement, j'en avais un dans le tiroir, et vu la taille de mon bide, il allait pas tarder, le mioche, à faire son entrée sur la grosse boule. J'marchais façon éléphant de mer, et mère j'allais bientôt l'être. En plus le clan Zerma était pas chaud pour accueillir dans sa casbah une grognasse capable à tout instant de lâcher son rosbif sur la moquette. On a préféré remettre à plus tard nos petites affaires. L'année d'après, 2009, j'suis mure pour la rencontre. Don Zerma et ses porte-flingues me toisèrent vilain au premier serrage de paluche. Y z'avaient épluché ma prod', cerné mon meilleur profil, et m'ont dit franco qui pensaient que le frisbee à sillons que je venais de commettre valait méchant. T'es une bonne gagneuse, que ça voulait dire… Moi, devant tant de brossage, j'étais tout à mon kif. Ben quoi ? Vaut savoir jouir des papouilles dans ce monde de brutes. Ouais, mais y avait une ombre. Une mahousse. Y en a toujours. Celle-là se couchait géante sur l'estime de moi, qu'est toute de traviole et souvent boiteuse. Normal, j'suis une artiste. Faut que tu te secoues les miches ! qui m'ont dit tous la bouche en cœur. Si tu continues dans cette voie, t'auras même plus l'année prochaine l'envergure d'une vendeuse à la Fnac. J'ai écrasé une larmichette et j'en ai rabattu un max. C'est pour ça que don Zermatoche m'a pris à la bonne.

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